Têtu, Le zazard
Le voilà sur la Terre tout juste amerri
Sur la plage, son nouvel horizon terrestre
Gagnant de l’eau, il regarde sa prise, rit
« Pailles ! Me voici parmi vous, moi le pédestre »
Le vent souffle, le courant d’une mer gazeuse
Emporte au loin les brins d’effluves des fétus
Têtu, zazard juste né de sa mer porteuse
Hume et râle « marcher fait mal » se dit Têtu
« Bienvenu » l’accueillent les herbes, ses cousines
Dressées fièrement, elles ne désavouent pas
Le nez haut, découvre la terre d’Abyssine
Pleine aire de jeux où seront ses premiers pas
« Ne doute pas » disent elles « Tu as un poids
Se redresser te requiert beaucoup de courage
Affronter sa douleur de porter son lourd poids
Tu étais léger dans l’onde de ton jeune âge. »
Comprenant l’exemple, le nouveau nez en main,
Têtu se redresse. Sa voie est l’ère Terre
Promises, les herbes lui montre son chemin
Au milieu d’elles existant, il se repère
Nul doute ici, nés, les zazards ambiancé,
Cachés en plaines herbeuses, happent la vie,
Ils s’entêtent et continuent leurs avancées
Vers leurs destins, avalent les offertes vies
Chaque jour, Têtu ne comptant, s’engaillardit
Évolue vite, serein, bercé d’optimisme
Vers le jour futur, affable, l’herbier prédit
Point d’arête face aux limites de son prisme
Désert, son monde à venir pour le goulûment
« Ami, ici l’eau nous manque pour être verte »
Têtu ayant parcouru le tout vertement
Rejoint l’orée à l’aube d’un matin alerte
L’horizon se perd en étendue dans les vagues
Miroitante la chaleur flottante des terres
Au-delà, le chemin va, sans borne zigzague,
En fins sables mus par l’Éole légendaire
« Mon Dieu ! Je m’y perds ici sans voir la balise »
De sa réalité, il ne sait dépasser
Son monde fournit ses besoins, sans la bêtise
Partir sans les boues, sols propices au grasset
La peur est là, hypnotisant sa vision
L’étendue d’or fin scintillant où il se perd
Sans voir où porter le regard, l’illusion
Des mirages vaporeux sans aucun repère
Un fantôme perce le brouillard devant lui
Se fait clair en contour et entre dans son champ
L’improbable venue d’au-delà vint vers lui
La belle lézarde barre sa vue du champ
« Bonjour bel étranger » sa douce voix le berce
« Sors-tu de la boue ? » Elle sidère l’esprit
Le zazard commun aux sols spongieux d’averses
Émerveillé en magie de l’être s’éprit
Têtu silencieux, perdu en son notable
Fort perturbé, égare son vocabulaire
« Oui » est le seul vocable dont il est capable
« Bienvenu en mon pays » dit la fille d’air
L’illuminée est radieuse au beau soleil
Du pays d’or sublimant, rayonnant la belle
Lumière intense de tout ce ciel sans pareil
Emplit Têtu d’une sensation nouvelle
La chaleur de son royaume remplit son corps
Son esprit tourne d’ivresse pour l’inconnue
Elle lui prend la main « Viens voir mon oasis… »
Elle guide ses premiers pas dans l’inconnu
Ils avancent dans le sable chaud d’un Niger
Elle surnage, volatile, aérienne
Il peine à suivre, ses lourds membres ne le gèrent
Ses pas se font pesants, ses jambes le retiennent
Aux premières dunes, net, le Têtu s’arrête
Sa limite est atteinte. Il est pris de panique
Quelle folie l’emmène où ? elle n’est pas nette
En esprit, le doute remet devant l’éthique
Comme il doit panser son existence, il se bloque
« Non ! Je ne peux aller plus loin » se retournant
Son herbier s’éloigne de sa vue, se disloque
Après la dune, soudain dépassionnant
« Je perds ma vie là-bas » il lui dit apeuré
« Ne t’inquiète pas, tu y retourneras » Elle
« Je te guide à l’oasis de l’eau apurée »
« Et tu rentreras armé de nouvelles ailes »
Le doute est là puissant, poussant la grande peur
« Qui es-tu ? Quel hasard es-tu là ? Pourquoi moi ? »
« Tu as eu la chance d’arriver bien à l’heure
De ma ronde au royaume des rêves. Crois-moi »
« Impossible, car j’ai besoin de ma réserve
Me nourrir comme je puis faire pour l’instant »
Sans comprendre quel avenir tu me réserves
Je préfère mon destin tendre que j’attends »
Inconsciemment ils ont avalé, tout brouté
Les zazards traceront leurs destins dans le doute
Percevoir une autre solution routée
Dans le chaos, la Vie trace sans aucun doute
Le hasard du zazard se justifie en doute
Sans doute, justifie l’incompréhension
Des incompréhensions d’inconsciences routent
Le Destin d’êtres vers la fin des sessions.
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Mer 12 Fév - 15:24
