Bzzzzz

Bzzzzz

« Çà fait bzzzz » le visage fatigué des yeux
Au sol dirigés, détaillant l’interstice
Joints impeccablement alignés en soigneux
Artisan carreleur de l’observatrice

« Depuis longtemps ? » La tête droite regarde
L’homme aux mains épaisses nouées entre elles
Le crayon noir dans sa main fine s’attarde
Sur les hiéroglyphes doctorants consensuels

« Oui mais c’est de plus en plus présent » avoué
Difficile expression du mal intérieur
D’habitude penché sur son labeur enjoué
Au droit de sa ligne conduite au marqueur

En bleu de maçon laissant la radio chanter
Il exécute des blagues facilement
Pour les lancer vers ses compagnons de chantier.
« Est ce une gêne professionnellement ? »

« Non » Se ment il sans le savoir du silence
Son esprit toujours parasité dans les bruits
Incessants des chantiers bruyants. Il repense
Sa réponse à la jugeante qui l’ennuie

« Votre famille ? » « Tout va sur des roulettes »
Elle perçoit bien les gros mensonges d’homme
Dans une vie réglée à la calculette
Comptable de vie en déficit de sommes

« Il faut vous reposer, je vais vous arrêter »
« Non ! Je ne peux pas. J’ai mes chantiers à finir »
Il a peur, sans travail sa vie est arrêtée
« Si ! Il le faut sinon vous allez mal finir »

La savante lui ordonne une liste
Alchimiques remèdes pour le déstresser
Car dans cet homme, un fantôme résiste
Dans l’esprit perturbé, il se sent délaissé

« Je ne veux pas des médicaments pour les fous
Je ne suis pas fou, j’ai juste une gêne »
« La chimie étudiée l’apaisera en vous
Ayez confiance dans le savoir des gênes »

« Je les connais. J’ai un ami qui en a pris
Il partait en vrille suite au divorce
Sans travail en plus, il est comme un zombie
Je ne veux pas de cela. Rien ne m’y force »

L’ouvrier savait que ce bruit n’est pas de lui
Sans pouvoir expliquer autrement dans ses mots
Il avait peur d’un diagnostic qui l’avilit
En considération, sa personne prévaut

« C’est ça ou un repos forcé en clinique ! »
Le mot est lâché. L’hôpital des fous l’attend
« D’accord » abattu par le savoir chimique
Le résigné prend la lettre du prédicant

Abasourdi sur son chemin vers son foyer
Les idées fusent, se mixent en tourbillon
Chantiers, travail, revenu, famille, loyer
Tout y passe dans l’insoluble équation

Sa vie planifiée sur les heures du travail
Le sous-traitant a placé son importance
Sous-évalué, il se sait devenu bétail
Chair à canon d’une guerre sans aucun sens

Un virus étrange dans l’air l’a confiné
Dans son intérieur aux cent milles pas, il fuit
La réalité de sa vie déterminée
Sans l’occupation du travail, il est détruit

L’inutilité face à la vie sans but
Annihile l’existence présupposée
Dans l’importance d’un travail, il n’est rebut
De lui-même, son estime était posée

L’esprit délivré à son sort sans l’objectif
En vue de la réussite montrée du doigt
Dans ce travailleur manuel simplement pensif
Sans l’intellect compliqué du docteur en loi

Se retrouve en soi avec son fantôme
Oublié dans un quotidien très occupé
Libéré, revient hanter son connectome
En acouphènes l’entendement est happé

Devenant en lui, sensations de présences
Dérangement pour celui se croyant tout seul
Se voit en esprit habité de démence
Dans la pensée subjective « Prends un tilleul ! »

Le fou médical n’est pas dans la démence
Où un savoir obtus aux idées ouvertes
Ne sait reconnaître une clairvoyance
Dans la vérité anormale alerte

Trouver une sensation en soi en forme
Des ondes parcourant le corps jusqu’au cerveau
Où l’objectivité refusée en normes
Interdit aux simples de croire leurs très hauts

Les méprisants dans une condescendance
Bornée sur l’imagination d’impossible
Ne vivent pas les sensations de la danse
Par laquelle les danseurs vivent miscibles

Une idée acceptée est une intellectualisation subjective
Une idée vécue devient une compréhension objective
Le garde-barrière est un non au savoir du simple vécu